Aujourd’hui, cela fait un mois que ma mère est décédée : le 5 novembre 2015. Au Royaume-Uni, c’est la nuit du feu de joie, des feux d’artifice ou de Guy Fawkes. C’est une tradition britannique qui remonte au complot de la poudre à canon de 1605, lorsque le conspirateur catholique Guy Fawkes a tenté de faire sauter les Chambres du Parlement et le roi Jacques Ier. Elle a peut-être décidé qu’elle voulait des feux d’artifice et de la fête pour accompagner son départ. Je l’ai vue quelques jours avant et j’ai senti qu’elle partait. Mes enfants et moi l’avons prise dans nos bras avec douceur, car elle ne voulait que le plus léger des contacts. Nous pouvions sentir sa présence physique diminuer.
J’enseignais à Paris et le lendemain, une de mes étudiantes est venue me voir et m’a dit qu’elle voyait mon énergie comme celle d’un petit enfant, entourée d’une lumière blanche, qu’elle sentait être ma mère. Cette lumière blanche, elle la voyait comme connectée à l’énergie de la Mère Cosmique. Je n’avais rien dit à mon groupe, car je ne voulais pas qu’ils se sentent obligés de s’occuper de moi. Naturellement, je lui ai annoncé le décès de ma mère.
Cela ne m’a pas surprise car j’ai ressenti la présence de ma mère plus fortement ces jours-là que les jours précédant son départ physique. Je me sentais protégée par sa lumière et connectée à une source plus grande. J’ai eu une expérience similaire lorsque mon père est mort il y a 9 ans. Je ressens toujours sa présence qui me soutient. C’est un aspect du Jing : notre connexion ancestrale, qui ne s’arrête jamais, même si l’âme a quitté le corps physique. Je sens aussi que le Jing est connecté à notre grande mère, pas simplement la terre, mais l’univers entier. Je suis encore en train de digérer ce que cela signifie de ne plus avoir le corps physique de ma mère dans ce monde. Il y a une absence, une nostalgie, mais aussi un nouveau type de présence.
J’étais de retour à Paris la semaine dernière, où j’ai enseigné les Vaisseaux Extraordinaires. Ce sont les vaisseaux qui font circuler et maintiennent le Jing dans notre corps.
J’aimerais partager avec vous un poème que j’ai lu à l’enterrement de ma mère et qui, selon moi, exprime une partie de cela. Je l’ai lu à l’enterrement de mon père mais j’ai ajouté un vers cette fois-ci pour ma mère : pour exprimer les deux piliers de sa vie : sa musique et sa foi. La première strophe est de Mary Elizabeth Frye, écrite en 1932. J’ai également choisi ce poème parce que la dernière fois que j’ai emmené ma mère, c’était dans un fauteuil roulant, fourni par la maison de retraite dans laquelle elle venait d’emménager à Bristol, Aabletone, que j’ai choisie en partie à cause de son emplacement juste à côté des jardins botaniques de Bristol. C’était une belle journée d’automne et ma fille et moi l’avons emmenée en fauteuil roulant.
Il y a un magnifique jardin d’herbes chinoises
Je vois maintenant qu’elle prenait congé du monde, qu’elle disait adieu aux belles fleurs, aux arbres et aux plantes. Pourtant, elle est toujours là, en eux.
Ne vous tenez pas sur ma tombe et ne pleurez pas.
Je ne suis pas là, je ne dors pas.
Je suis un millier de vents qui soufflent.
Je suis le diamant qui brille sur la neige.
Je suis la lumière du soleil sur le grain mûr.
Je suis la douce pluie d’automne.
Quand vous vous réveillez dans le silence du matin
Je suis la course rapide et exaltante
des oiseaux tranquilles en vol circulaire.
Je suis les douces étoiles qui brillent la nuit.
(Mary Elizabeth Frye, 1932)
Ne vous tenez pas devant ma tombe et ne pleurez pas
Je n’y suis pas, je ne dors pas
Je suis la mélodie des cordes du violoncelle.
Je suis l’amour dans les hymnes
Je suis les mains qui soignent
Je suis les souvenirs que vous partagez tous
Quand vous vous arrêtez dans la lumière du soir
Je suis la douceur de votre regard
D’un monde où mes filles vivent
Je suis la joie que chacun de vous peut donner
Ne vous tenez pas sur ma tombe et ne pleurez pas
Je ne suis pas là, je ne suis pas morte.
(Suzanne Yates, 2015)
Voici un excerpt de la Prière « Par la mort, la famille ne se détruit pas, elle se transforme » du Père Dominicain Antonin Sertillanges (1863-1948) pour les familles en deuil. C’est Segolene Cadet, une de mes etudiants qui m’avait envoye
“Lorsqu’un être cher nous quitte, la famille ne se détruit pas, elle se transforme.
Une part d’elle va dans l’invisible.
On peut croire que la mort est une absence, alors qu’elle est une présence secrète
On peut croire qu’elle est une infinie distance, alors qu’elle supprime toute distance en ramenant à l’esprit ce qui se localisait dans la chair……
Plus il y a d’êtres qui ont quitté le foyer, plus les survivants ont d’attaches célestes.
Le ciel n’est plus uniquement peuplé d’anges, de saints inconnus et du Dieu mystérieux, il devient familier.
C’est la maison de famille et son étage supérieur et, du haut en bas, le souvenir, les secours, les appels se répondent
P Sertillanges